Comment fonctionnent les crédits inter-entreprises ?

Les banques ne sont pas toujours prêtes à accorder aux entreprises les prêts à court et à moyen terme dont elles ont besoin. Lorsqu’une entreprise fait face à des difficultés de financement, elle doit rapidement trouver une solution au risque de devoir mettre fin à ses activités.

Inspiré du modèle allemand, le crédit inter-entreprises apparaît comme une solution intéressante. Ce type de crédit fonctionne sous des conditions particulières.

Le crédit inter-entreprise ne peut être conclu que si les entreprises concernées sont liées économiquement.

L’entreprise prêteuse doit être une Société à responsabilité limitée (SARL) ou une Société par actions. Ses comptes doivent être conformes aux exigences légales.

Elle doit disposer de suffisamment de fonds pour accorder le prĂŞt, c’est-Ă -dire que ses capitaux propres doivent ĂŞtre supĂ©rieurs Ă  ses capitaux sociaux. Le montant du prĂŞt ne doit pas dĂ©passer 50 % de la trĂ©sorerie nette de l’entreprise prĂŞteuse.

L’entreprise emprunteuse doit appartenir Ă  l’une des catĂ©gories suivantes pour que le prĂŞt soit effectif : une sociĂ©tĂ© de petite taille, une PME (petites et moyennes entreprises) ou une ETI (entreprise Ă  taille intermĂ©diaire).

Présentation du crédit inter-entreprise

Le crédit inter-entreprises est un mécanisme de financement alternatif. Elle fait intervenir deux entreprises. Une entreprise joue le rôle de banque et accorde un prêt à une autre entreprise qui devient le prêteur.

Il peut parfois s’agir d’un délai de paiement qu’une entreprise décide d’accorder à une autre.

Le crédit vendeur ne fait intervenir aucune banque. C’est une convention par laquelle une entreprise accepte de soutenir financièrement une autre entreprise à laquelle elle est liée sur le plan économique.

Le crĂ©dit inter-entreprise est encadrĂ© par le Code MonĂ©taire et Financier. Ce type de crĂ©dit existe sous de nombreuses formes :

Le crédit client

Il s’agit d’un délai de paiement accordé par l’entreprise à ses clients.

Le crédit fournisseur

C’est le fournisseur qui accorde un délai de paiement à l’entreprise.

Le crédit intragroupe

Ce type de crédit permet aux entreprises de s’accorder des prêts pouvant durer 24 mois. Il a été institué par la loi Macron du 6 août 2015.

La loi de modernisation de l’économie du 1er janvier 2009 est venue apporter des éclaircissements sur les délais de paiement. Pour les contrats commerciaux, la limite légale est fixée à 60 jours à partir de la date de la facture.

Les entreprises évoluant dans les secteurs de l’industrie, du commerce, de l’artisanat et des services sont autorisées à dépasser ce délai.

Les conditions du crédit inter-entreprises

Les conditions relatives à ce type de crédit varient en fonction de la position de l’entreprise. Les entreprises prêteuses et les entreprises emprunteuses doivent respecter des critères spécifiques.

Les conditions que doit remplir l’entreprise prêteuse

Ces conditions sont fixĂ©es par l’alinĂ©a 3 bis de l’article L511-6 du Code MonĂ©taire et Financier. Elles sont relatives Ă  :

  • La forme juridique de l’entreprise ;
  • L’état des comptes ;
  • Le niveau des finances ;
  • Et le poids sur la trĂ©sorerie

La forme juridique de l’entreprise

Toutes les entreprises ne peuvent pas accorder de crédit à d’autres entreprises. Ce type de prêt est possible pour certaines formes juridiques de société. L’entreprise prêteuse doit nécessairement être une Société à responsabilité limitée (Sarl) ou une société par action.

La société par action en question peut être une Société Anonyme (SA), une Société par Action Simplifiée (SAS) ou une Société Commerciale Anonyme (SCA).

L’état de compte

Les comptes de la société doivent être conformes aux exigences légales, sans quoi celle-ci ne sera pas autorisée à accorder le prêt. Les comptes sont obligatoirement certifiés par un commissaire aux comptes.

Le niveau des finances

Une société endettée ne peut pas accorder de prêt à une autre entreprise. Le niveau des capitaux propres doit être plus important que son capital social.

Si une société anonyme commerciale a été constituée avec un capital social de 100 000 euros, il ne peut accorder de prêts si la somme totale de ses capitaux propres est de 50 000 euros. Pour devenir prêteuse, elle doit avoir plus de 100 000 euros.

La trésorerie nette de la société prêteuse doit être positive.

Le poids sur la trésorerie

L’entreprise prĂŞteuse ne peut pas octroyer un prĂŞt dont le montant est supĂ©rieur Ă  50 % de sa trĂ©sorerie nette. Si un tel prĂŞt est conclu, elle peut ĂŞtre annulĂ©e par les autoritĂ©s compĂ©tentes.

L’objectif est de protéger l’entreprise prêteuse, elle ne doit pas se mettre en difficulté en voulant sauver une autre société.

Il est nécessaire d’informer le commissaire aux comptes de la société qui souhaite accorder un crédit à une autre. Celui-ci va rédiger une attestation qui sera ajoutée au rapport de gestion.

Il est formellement interdit que les prêts deviennent l’activité principale de l’entreprise. Celle-ci doit continuer à exercer son activité principale.

Les conditions que doit remplir l’entreprise emprunteuse

La sociĂ©tĂ© qui reçoit le prĂŞt doit prĂ©senter un certain nombre de caractĂ©ristiques. Les prĂŞts ne peuvent ĂŞtre accordĂ©s qu’à certaines catĂ©gories d’entreprises :

  • sociĂ©tĂ©s de petite taille ;
  • PME ;
  • ETI.

Les sociétés de petite taille

Si votre entreprise compte moins de 10 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel inférieur à 2 millions d’euros, vous pouvez obtenir un prêt d’une autre entreprise.

La forme juridique de votre entreprise importe peu, il peut s’agir d’une entreprise individuelle ou d’une société à responsabilité limitée.

Les PME

Si vous disposez d’un statut de petite et moyenne entreprises (PME), vous pouvez obtenir un crédit inter-entreprise. La PME doit avoir moins de 250 salariés, et réaliser un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros.

Si c’est le bilan qui est pris en compte, il doit être inférieur à 43 millions d’euros.

Les ETI

Une Entreprise de Taille IntermĂ©diaire, en abrĂ©gĂ© ETI, peut obtenir un crĂ©dit auprès d’une autre entreprise. Il faudrait que l’ETI ait moins de 4 999 salariĂ©s et rĂ©alise un chiffre d’affaires infĂ©rieur Ă  1,5 milliard d’euros. Le bilan doit ĂŞtre infĂ©rieur Ă  2 milliards d’euros.

Les deux entreprises doivent être économiquement liées

Deux entreprises ne peuvent pas contracter un crédit inter-entreprises si elles ne sont pas liées sur le point économique, même si elles remplissent les conditions citées précédemment.

Cette notion a priori floue a Ă©tĂ© clarifiĂ©e par le Code MonĂ©taire et Financier. Deux entreprises sont considĂ©rĂ©es comme Ă©conomiquement liĂ©es si ces deux entreprises :

  • sont membres d’un mĂŞme Groupement d’IntĂ©rĂŞt Économique (GIE) et d’un mĂŞme groupement attributaire d’un marchĂ© public ;
  • ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une subvention publique lors des deux derniers exercices. Cette subvention publique doit s’inscrire dans le cadre d’un mĂŞme projet les impliquant ;
  • entretiennent des liens de sous-traitance.

L’entreprise prĂŞteuse :

  • est une cliente de l’entreprise emprunteuse ou d’une entreprise membre de son groupe : la validation de cette condition est soumise Ă  la vĂ©rification du volume d’affaires ;
  • a accordĂ© Ă  l’entreprise emprunteuse ou Ă  une entreprise membre de son groupe une concession de licence d’exploitation de brevet ou de marque. Il peut s’agir d’une franchise ou d’un contrat de location de gĂ©rance.

Ces critères ne sont pas cumulatifs. La présence de l’une de ces conditions suffit à établir le lien économique entre les deux entreprises.

Ă€ combien peut s’élever le crĂ©dit inter-entreprises ?

Le montant du crédit inter-entreprises est strictement encadré depuis la loi Macron.

Cette loi stipule que la totalitĂ© des prĂŞts accordĂ©s par une entreprise ne doit pas ĂŞtre supĂ©rieure Ă  50 % de sa trĂ©sorerie nette.

Pour un exercice donnĂ©, le total des prĂŞts accordĂ©s, ne doit pas outrepasser les limites suivantes :

  • 5 % de 50 % de la trĂ©sorerie nette de l’entreprise ;
  • 25 % de 50 % de la trĂ©sorerie nette de l’entreprise si le montant du prĂŞt est infĂ©rieur ou Ă©gale Ă  10 000 euros.

 

La loi Macron précise qu’à la clôture des deux exercices comptables antérieurs à la date du prêt, l’entreprise qui souhaite accorder le prêt doit disposer de suffisamment de capitaux propres. Le total de ces capitaux doit dépasser son capital social.